Retour à Pokhara

Après le trek nous sommes restés quelques jours à Pokhara. On s’y sentait bien et nous devions réfléchir à la suite du voyage car on a eu un petit retournement de situation … teasing.

L’avantage quand on a du temps c’est qu’on peut se permettre de rencontrer quelqu’un d’un peu inhabituel et de rester un après-midi à discuter avec lui. Ce fut le cas avec Tséring. On se baladait dans la ville et nous sommes entrés dans une des nombreuses boutiques du quartier. C’était une boutique tibétaine et Tséring, un jeune tibétain de 29 ans, tenait la boutique en l’absence de ses parents. Rapidement, il a commencé à nous parler de lui, sa famille, son histoire et sa culture. Tséring vit dans un des camps de réfugiés tibétains du Népal. Il est né au Népal mais n’en a pas la nationalité, il n’a donc pas de passeport et ne peut voyager, sauf en Inde en donnant quelques billets à la frontière. Il n’y avait personne dans la boutique et nous avions du temps. Il nous a raconté l’histoire de son peuple, la vie dans les camps et expliqué la philosophie bouddhiste. A part le plaisir sincère qu’il a à rencontrer des gens et discuter, son objectif à travers ses récits est de sensibiliser à la condition de son peuple. Après la Syrie, le Tibet est le territoire où les droits de l’Homme sont les moins respectés. Nous sommes retournés les jours suivants pour prendre un thé et discuter encore un peu avec lui. C’est une rencontre que nous n’oublierons pas.

Tom et Stering dans sa boutique

Je disais donc que nous avons dû changer nos plans pour la suite du voyage… Pendant le trek nous avons rencontré des gens qui avaient dû partir plus vite que prévu d’Inde. Notamment un Français qui comptait passer 6 mois là bas et qui, au bout d’une semaine, avait pris le premier vol pour le Népal pour s’en aller. Il y a eu des élections en Inde il y a quelques mois et le nouveau président, pour lutter contre la fraude fiscale, a décidé de supprimer du jour au lendemain les billets de grande valeur. Ici tout le monde paie en cash et en supprimant ces billets le pays s’est retrouvé plongé dans une énorme grise de liquidité. Les gens se sont rués dans les distributeurs, qui ont baissés drastiquement le montant maximum possible à retirer chaque jour et par personne. Ainsi, les gens que nous avons rencontrés racontaient qu’ils devaient passer 4 ou 5h à faire la queue devant un distributeur avec le risque qu’il se vide et d’attendre pour rien, pour pouvoir retirer un montant permettant de vivre deux jours environs, en payant les même taxes de retrait que lorsqu’il était possible de retirer 10 fois plus. J’ai confirmé les dires sur des forums et on s’est dit que ce n’était pas la peine de partir dans une galère énorme, surtout que nous n’avions pas encore pris de billets d’avion. Moi je suis déçue, Tom est soulagé …

On a pensé à partir au Japon, en Malaisie, on a pas mal hésité pour l’Indonésie mais la météo n’est pas bonne à cette époque. On a finalement décidé de rallonger notre temps au Népal car nous devions y rester 3 semaines seulement et de rallonger aussi la Thaïlande. On pourra prendre plus de temps pour bien explorer le pays sans courir. On a donc pris nos billets, on s’envole mercredi pour Chiang Mai !! J’ai hâte de retrouver un peu plus de chaleur et moins de poussière.

Tout ceci booké on est repartis pour Kathmandou à la découverte de la ville et sa vallée.

Retour à Kathmandou, trouvez le petit problème

Trek Tatopani-Muktinath

Une belle aventure de 8 jours ! Le Népal est encore plus roots que la Bolivie finalement mais les Népalais étant bien plus sympathiques, ça compense les galères.

Jour 1 : l’épopée en bus Pokara > Tatopani – 21/12

On a mis 3 jours à savoir où prendre les billets de bus pour le village de départ du trek. Les 15 personnes sollicitées nous ont toutes données une réponse différente. Après un petit circuit en taxi inutile, on a fini par trouver…

Départ à 7h dans un bus local direction Tatopani, à 92 km de Pokara. Le bus est chargé de denrées que ramènent les commerçants des villages, des Népalais prient, ça dort. On est les seuls occidentaux du bus, les autres prennent soit l’avion, soit ils partent en tour organisé. On met 4h pour arriver dans la dernière “grande ville” avant de commencer la piste. Jusque là, rien d’anormal. On fait une pause. On pensait au départ qu’il s’agissait de la pause dèj. Au bout d’une heure trente on commence à trouver le repas un peu long. Au lieu d’une pause dèj il s’agissait en fait d’attendre un autre bus qui arrivera trois heures plus tard (pourquoi ? le nôtre fonctionnait bien – on ne saura jamais). On change donc de bus et on démarre la piste. Le bus tangue un peu ce qui nous permet de voir d’encore plus près les précipices (!). La route a été touchée par le tremblement de terre de 2015 et on passe au dessus de nombreux glissements de terrain. Après 3/4 d’heure on est stoppés par un éboulement. Les machines déblaient la route, on repart… pas .. car le bus ne redémarre plus. On attend de nouveau 30 minutes le temps que le problème soit réparé (à coups de pierres et tourne vis). Après neuf heures trente de “voyage”, nous sommes finalement arrivés !

Jour 2 : Tatopani > Kalopani – 22/12

On part à 9h pour 6 heures de marche. Le temps devient vite nuageux, on ne voit pas les sommets. Il existe une piste qu’emprunte les bus et jeeps permettant de relier Tatopani à Muktinath mais les marcheurs empruntent un sentier piétonnier. Pour ce premier tronçon, le sentier ressemble plus à une piste annexe et nous fait faire un énorme détour. Les sacs sont un peu lourds et l’ambiance maussade. On s’arrête dans un premier village et on visite le temple bouddhiste. On décide de raccourcir ce tronçon en allant plus loin que prévu en prenant un bus à la volée. On tombe encore en panne. On finit par arriver dans le village de Kalopani en milieu d’après-midi. On fait un petit tour, douche, soupe, dodo. Tom n’est pas content, moi j’espère que ça sera mieux plus loin, demain.

Jour 3 : Kalopani > Tukuche – 23/12

On se lève avec le soleil à 6h30. Les nuages sont partis et nous profitons d’une extraordinaire vue sur la chaîne des montagnes de l’Himalaya. On est remotivés pour le trek. On marche 4 heures à travers les forêts de sapins puis nous nous arrêtons dans le très beau village de Tukuche. Un village dont les maisons sont construites en pierre, parfois des balcons en bois. On visite des temples et on slalom entre les vaches et les taureaux qui vivent librement dans les ruelles. A 17h30 la nuit est déjà tombée, il ne reste plus qu’à se poser près d’un feu et bouquiner.

Tukuche

Jour 4 : Tukuche > Marpha > Jomsom – 24/12

On continue notre marche à travers les villages. Le temps est bien dégagé le matin mais il se couvre en début d’après-midi. Nous n’arrivons toujours pas à voir de manière bien nette les sommets. Nous passons à côté d’un temple chaolin, puis par hasard nous entrons dans un camps de réfugiés tibétains. Les villageois nous invitent à entrer dans leur temple bouddhiste. Nous faisons un petit tour dans ce joli village blanc d’une 100aine d’habitants environs et nous repartons. Nous visitons Marpha, encore un très joli village en pierre puis nous poussons jusqu’à Jomsom. Sur le trajet le vent commence souffler de plus en plus fort. Heureusement nous l’avons dans le dos car la poussière soulevée rend l’air presque irrespirable. Jomsom n’est pas un joli village mais il y a un petit aéroport et c’est le point d’arrivé et de départ principal du trek de l’annapurna. C’est ici qu’on passe Noël. Rien dans le village ne nous rappelle l’événement. On se paie deux bières frelatées pour fêter l’événement et un bon plat Népalais.

Temple Bouddhiste

Marpha

Joyeux noël !!

Jour 5 : Jomsom > Kagbeni > Muktinath – 25/12

L’ascension pour Muktinath est assez raide et on prévoyait d’y aller en jeep. Nous n’en trouvons pas ou à des prix trop élevés. On décide d’aller à Kagbéni, un village à mi-chemin, à pied et on verra là bas si on trouve une jeep. Le chemin est infernal. Ici il n’y a plus de sapins mais que des montagnes arides et de la poussière. Le vent est encore plus fort que la veille et on lutte constamment contre des rafales qui nous chahutent de 3 ou 4 mètres. On rate un village que nous avait conseillé Pascal. On ne pouvait même pas ouvrir la carte.

On arrive finalement à Kagbeni. Encore un beau village avec un grand temple qui offre de belles perspectives sur les montagnes. On se renseigne sur les jeep et nous arrivons à monter à Muktinath pour la fin de journée.

Kagbeni

 

Jour 6 : Muktinath – 26/12

Le vent est tombé. Il a définitivement dégagé les nuages. La vue est splendide. On décide de rester ici une journée complète car il y a un sanctuaire à visiter et quelques temples. On peut se balader sans les sacs et en profiter au maximum.

Le soir on se réchauffe près d’un poêle. On passe la première soirée à discuter avec un anglais en trek accompagné de son guide népalais puis le lendemain avec un couple d’américains.

Jour 7 : Muktinath > Gasa > Tatopani – 27/12

On redescend à Jomsom où de là on peut prendre une jeep pour repartir directement vers Pokara. On rencontre des trekkeurs près à partager une voiture. C’est parti pour le retour. Le temps est sublime. Thomas regarde par la fenêtre et découvre des points de vue que nous n’avions pas eu à l’aller car le temps était moins heureux. Il commence à se sentir frustré … il veut descendre. Une discussion démarre dans la voiture, le ton monte un peu. Au milieu de la route Jomsom-Tatopani on débarque de la voiture avec nos sacs. On finira à pied … Cette marche nous permet d’admirer la chaîne de l’Annapurna qu’on n’avait pas bien vu et de défrustrer Tom. On passe par un petit village manqué à l’aller et on rentre à Tatopani.

Un yak

Jour 8 : Tatopani > Pokara – 28/12

Retour en voiture avec un nouveau couple d’américains. C’est plus rapide et plus confo que le bus.

L’aventure se termine. On a bien profité et on recommandera ce trek. Il faut par contre que le temps soit clément, sinon on passe un peu à côté.

Katmandou et Pokhara

C’est parti pour un nouveau continent. Changement d’ambiance. On a atterri à Katmandou il y a 6 jours. A part les sacs qui n’ont pas réussi à suivre le rythme des vols, le voyage s’est bien passé.

Katmandou n’est pas une ville intéressante. Nous n’y sommes restés que le temps de se remettre un peu de tous ces décalages d’heures et de jours et de rencontrer Pascal. Pascal est un cousin de Thomas qui vit depuis 20 ans au Népal. C’était bien sympa. Nous avons mangé avec lui un midi et il nous a concocté un bon petit itinéraire pour ces prochaines semaines.

Pascal nous a conseillé de partir rapidement pour Pokhara, une ville plus paisible que Katmandou pour nous reposer et nous diriger vers le trek. Nous voilà repartis pour des heures de bus à la mode Bolivienne. Pokhara est connu pour son lac et sa vue sur l’annapurna. On est ici depuis 3 jours, le temps de s’organiser pour le trek mais aussi de faire une petite ballade sur le lac et de grimper une colline pour visiter un temps bouddhiste.

A l’aéroport nous avons aussi rencontré deux français, Clélie et Karim qui débarquent complètement à l’improviste. C’est l’histoire d’un couple dont l’un a loupé un exam et l’autre qui avait besoin de faire un break. Ils se sont levés un matin et ont décidé de prendre le premier vol à prix éco. Ils sont partis le soir même pour la Grèce pendant un mois puis en Roumanie, encore pour un mois. De là, ils ont pris un vol pour Dubaï. Ils ont erré là 1 nuit et 1 jour sans dormir et ils ont trouvé un vol pour le Népal… Ils voyagent juste avec un sac à dos chacun et le stricte minimum. Ils n’avaient même pas de manteau en arrivant à Katmandou. C’est amusant pour nous de voir qu’on peut survivre avec si peu, nous qui sommes suréquipés !  Comme ils n’ont aucun plan défini ils sont venus avec nous à notre hôtel de Katmandou puis nous ont suivis à Pokhara. Ils ne vont pas faire le trek mais on les retrouvera probablement à notre retour.

On cherchait à faire un trek qui ressemble plus à une belle ballade qu’à une expédition qui coûte cher et qui épuise (je me souvient encore du Pérou). Pascal nous a indiqué un trek pas cher, facile et magnifique. Que demander de plus ! On peut y aller seul (pas de guide), il y aura des villages sur notre route et des guest houses (pas de tente) et une altitude peu élevée (3500 max). La vue sur l’annapurna est, à priori, toute aussi belle que si tu grimpes à plus de 5 000. Il faut compter 5 jours aller, 5 jours retour environ, plus deux jours de bus. On verra en fonction de notre rythme et de nos envies. On part demain.

Evidemment pas de connexion internet. Peut être même pas d’électricité parfois. On va donc peut être passer noël, voir le jour de l’an, à la bougie avec une soupe de nouilles ! Si on n’est pas de retour, passez de bonnes fêtes et profitez bien du foie gras et du vin blanc !! 🙂