Première étape de notre boucle du nord du Viêt Nam. Sapa, une petite ville perchée à 1500 mètres d’altitude. C’est un lieu très prisé des touristes étrangers et des vietnamiens qui y séjournent pour le weekend. Plusieurs ethnies minoritaires vivent aux alentours, les Hmong, les Red Dao, les Tày. A chacun sa langue, ses vêtements et ses coutumes. On vient ici pour faire des treks à la découverte de ces villages reculés .. enfin plus si reculés car le tourisme ethnique est devenu un vrai business. Ce serait un peu mal venu de critiquer car le tourisme est une vraie chance pour ces ethnies qui vivent encore très modestement mais pour nous qui cherchons l’authentique, il devient difficile de le trouver.
Le jour de notre arrivée nous nous faisons accoster par une dame hmong d’1 mètre 40 qui nous propose un trek de 2 jours dans la vallée et la nuit chez elle. Il y en a beaucoup d’autres comme elle qui proposent des treks, des sacs, des fruits … Celle-ci est assez entreprenante et nous charme avec son sourire avenant et son tempérament. Elle s’appelle Mu. Le prix est modique, on accepte, rendez-vous le lendemain matin.
Quand nous sommes arrivés à Sapa il y avait un brouillard dense qui nous empêchait de voir à 10 mètres. Il parait qu’il y a des montagnes et un lac autour du village … On croise une française qui repart dans le sud du pays le soir même, après 10 jours de mauvais temps elle est dépitée. Nous on espère que ça ira mieux pour le trek car dans le brouillard le projet perd nettement de son intérêt.
Heureusement nous avons de la chance car le lendemain le brouillard s’est levé. Un beau soleil nous attend pour démarrer le trek. On arrive au point de rdv et on découvre que nous ne serons pas seul avec Mu, deux autres couples nous attendent. Et puis en fait Mu nous explique qu’on ne part pas avec elle aujourd’hui mais avec sa sœur qui parle moins bien anglais. Bon.. on est un peu déçus. On y va, on est suivis d’un petit groupe de femmes hmong, je les appelle nos accompagnatrices, qui portent des sacs et autres accessoires dans leur panier en osier.
Ça grimpe raide, on longe l’arête et on profite d’une vue sur la vallée, les rizières …
On commence à passer à travers les petits villages des minorités. Notre guide, sa famille et les villages que nous traversons sont de l’ethnie des hmongs noirs. Leur tenue est noire. Les femmes portent une veste rembourrée (ici il fait froid) avec des motifs au niveau des bras, un short long et des jambières. Elles ont aussi des colliers et boucle d’oreille en argent. Ces tenues sont encore portées au quotidien. Les hommes plus âgés portent aussi un costume noir, col mao et pantalon mais les jeunes sont en jean et t-shirt.
Accompagnatrice hmong
Ballade le long des rizières
La ballade continue et on est débarqués dans un resto de campagne rempli uniquement de blancs. A peine assis nos accompagnatrices et d’autres fillettes commencent à nous proposer toute leur marchandise de manière assez insistante. Même après cinq ou dix thank you, elles nous proposent encore un nouveau bracelet. C’est dans ces moments là où on se sent un peu pris pour des machines à $$.
Un fried rice plus tard, on repart pour une petite heure de marche. On arrive dans la maison de Mu vers 14h, le trek est terminé pour aujourd’hui. Nous sommes 4 couples et la maison ressemble plus à une installation touristique qu’à une petite maison traditionnelle. On est un peu dépités. Tom veut partir, je ne suis pas contre. On va voir notre hôte, on lui donne son dû et nous partons. Elle nous accompagne afin de nous montrer la route à suivre pour rentrer. Sur le chemin elle nous demande pourquoi nous partons. On lui explique, en des termes plus doux, qu’on espérait un peu plus d’authenticité et que nous n’étions pas là pour partager un dortoir avec des occidentaux. Elle s’en excuse et nous partons. On avance, un peu plus loin on s’arrête deux minutes pour regarder un homme ivre qui s’accroche à son scooter pour ne pas tomber. Une femme à côté essaie de trouver quelqu’un qui peu ramener le scooter. A ce moment, nous voyons Mu revenir vers nous. Elle s’excuse à nouveau et nous propose de dormir chez sa mère, là nous serons que nous deux dans leur famille. Elle nous montre la petite maison en bambou en haut d’une colline. On accepte au moins de voir.
Cette fois on est dans l’authentique. On arrive dans la maison dans laquelle vit sa mère, son père, son frère et sa femme ainsi que leur fils d’un an. C’est rustique, il n’y a pas de portes dans cette maison en bois et notre lit est situé en face de celui du jeune couple. C’est la belle-sœur, qui s’appelle Ha, qui va s’occuper de nous. Elle nous prépare le dîner et le petit-dèj et c’est avec elle, et son fils, que nous passerons le plus de temps. On vit la soirée au rythme de la famille. Autour de la maison il y a les cochons, les poules, les canards et les buffles qui circulent librement des champs au pas de la porte.
Tom, Mu, Valérie et le petit neveu de Mu
Mama Su, la grand-mère
Mama Su coud un bonnet qu’elle vendra à Sapa
Le jeune couple dans la cuisine. La cuisinière est un trou pour faire du feu.
A table! “Eat full”
Ha, ci-dessus, est une jeune femme dégourdie qui n’a que 20 ans. Son fils a un an et elle s’est mariée il y a deux ans. Elle n’est allée à l’école que jusqu’à ses 8 ans environ mais parle un peu anglais. Elle a appris, comme toutes les femmes de son village, en autodidacte et grâce aux touristes. Elle me dit qu’elle s’est mariée trop tôt. Je crois qu’elle se satisfait de sa vie mais elle m’explique vite qu’elle ne l’a pas vraiment choisie. Elle tient la maison, fait à manger tout en s’occupant de son fils. Elle travaille aussi dans un hôtel et c’est elle qui sera notre guide le lendemain.
Après une nuit peu reposante pour moi, les Vietnamiens dorment sur des matelas aussi durs que de la brique, nous partons avec Ha. Nous avons la chance de faire un circuit un petit peu différent de celui de la masse et on passe par des chemins plus tranquilles. On finit par rejoindre les groupes dans un resto. Nouveau débarquement de vendeuses, puis on rentre en bus à Sa pa en milieu d’après-midi. C’était un chouette trek car on a réussi à sortir un peu de l’autoroute touristique, voir de beaux paysages et à rencontrer des femmes accueillantes.
Où sont les hommes ?
Depuis le début je ne parle que de femmes. Pour ce qu’on a pu en voir, c’est la première fois qu’on voit un déséquilibre aussi marqué entre les activités attribuées aux hommes et aux femmes. Pour caricaturer un peu (si peu), les femmes et leurs petites filles sont en ville pour vendre aux touristes ce qu’elles ont confectionné chez elles, ce sont elles qui viennent au contact des étrangers pour vendre leurs treks, ce sont elles les guides, ce sont elles qui nous font à manger et qui nous accueillent, ce sont elles que nous avons vu dans les champs, ce sont elles qui s’occupent des enfants, ce sont elles qui vont de l’avant. Que font les hommes ? Ils regardent leur femme bosser (vu plusieurs fois), ils nettoient leur scoots car ils sont taxi, ils sont au bistro Bià Hoi (bières fraîches) entre copains et ils regardent la tv. Même Tom qui s’est récemment déclaré féministe veut créer un soulèvement des femmes pour que les mecs se bougent un peu plus.
C’est mon ressenti (subjectif donc) mais s’il existe un musée de la Femme à Hanoï, je crois que ce n’est pas par hasard.
“Non, creuse plus à droite!” (là j’invente)
Le lendemain nous sommes partis pour Ha Giang. Une ville encore plus au nord, à la frontière avec la Chine. La région est paraît-il moins touristique mais tout aussi belle. Même principe, il faut partir quelques jours en trek pour découvrir la région.
A notre arrivée nous avons rencontré un guide qui nous propose de partir 3 jours avec lui en moto. Je voyagerai sur sa moto et Tom conduira la sienne. C’est une bonne solution qui nous évitera une rupture pour cause de mésentente sur scooter. 😉